Un savon maison, entre douceur et savoir-faire
Il y a des souvenirs qui restent gravés, comme l’odeur du savon que ma grand-mère faisait fondre doucement dans sa grande marmite en émail. Elle y ajoutait des huiles, des herbes de son jardin, et un zeste de patience. Moi, je la regardais, fascinée, les mains dans le tablier et le nez au vent… Aujourd’hui, je vous propose de renouer avec cette magie toute simple : fabriquer votre propre savon maison.
Non seulement c’est économique, mais c’est aussi une belle manière de prendre soin de sa peau sans l’agresser avec une ribambelle d’ingrédients chimiques. Et puis, entre nous… rien ne vaut le plaisir de dire “c’est moi qui l’ai fait”, n’est-ce pas ?
Pourquoi faire son savon maison ?
On pourrait se contenter de l’acheter en grandes surfaces, emballé dans une jolie boîte et promettant monts et merveilles. Mais fabriquer son savon chez soi, c’est bien plus que ça. C’est :
- Maîtriser les ingrédients : fini les listes à rallonge et les composants aux noms imprononçables. On sait ce qu’on y met, et surtout ce qu’on n’y met pas !
- Respecter sa peau et la planète : un savon doux, naturel, sans huile de palme ni tensioactifs agressifs, et sans déchet superflu.
- S’amuser et créer : parfums, couleurs, formes… chaque savon devient une petite œuvre d’art ou un cadeau personnalisé qui fait chaud au cœur.
- Faire des économies : les ingrédients de base se trouvent facilement et durent longtemps. Votre peau, votre porte-monnaie et la nature vous remercieront !
Les deux principales techniques de fabrication
Avant de mettre la main à la pâte (ou plutôt à la pâte à savon !), il est important de choisir la technique qui vous convient le mieux. En voilà deux particulièrement populaires, chacune avec ses petites particularités.
La méthode à froid
C’est la technique la plus artisanale, et aussi la plus authentique. On ne chauffe pas les huiles, ce qui permet de conserver toutes leurs propriétés nourrissantes. Elle demande un peu de patience car les savons ont besoin de reposer plusieurs semaines (la fameuse “cure”) avant d’être utilisés.
Le procédé consiste à mélanger une base d’huiles végétales à de la soude caustique – attention, celle-ci demande quelques précautions, nous y reviendrons. Une fois la pâte homogène, vous pouvez y ajouter vos huiles essentielles, colorants naturels, graines exfoliantes… puis couler le tout dans des moules.
La méthode Melt and Pour
Beaucoup plus simple, cette technique est idéale pour les débutants ou les ateliers créatifs avec les enfants. On achète une base de savon prête à fondre, qu’on fait chauffer au bain-marie. Puis, comme dans une recette de cuisine, on y incorpore nos petits ingrédients magiques : lavande séchée, café moulu, parfum naturel… C’est rapide, sans manipulation de soude, et les savons sont prêts en quelques heures.
Les ingrédients essentiels (et naturels)
Pas besoin d’avoir un laboratoire ou mille flacons pour faire son savon. Quelques produits de qualité suffisent, et on les trouve souvent dans notre cuisine ou à l’herboristerie du coin.
- Huiles et beurres végétaux : olive, coco, tournesol, ricin ou beurre de karité, ils forment la base grasse du savon. Chacun apporte ses bienfaits : l’huile de coco pour la mousse, l’huile d’olive pour la douceur, etc.
- Soude caustique (hydroxyde de sodium) : c’est l’élément clé qui va transformer les huiles en savon. Elle est à manipuler avec beaucoup de précautions.
- Eau ou infusions : on peut remplacer l’eau distillée par une eau florale ou une tisane (camomille, romarin…) pour parfumer subtilement.
- Huiles essentielles : lavande, tea tree, citron, géranium… elles parfument et apportent leurs propriétés thérapeutiques.
- Ajouts naturels : miel, argile, charbon actif, graines de pavot, flocons d’avoine… la nature regorge de trésors pour enrichir vos savons.
Petit guide de sécurité avant de se lancer
Fabriquer du savon, ce n’est ni sorcier ni dangereux… à condition de respecter quelques règles de base. La soude caustique peut être irritante si elle est mal manipulée, mais avec un peu de bon sens, tout se passe bien !
- Protégez-vous : gants en caoutchouc, lunettes de protection et manches longues sont vos meilleurs alliés.
- Travaillez dans un endroit bien aéré : les vapeurs de soude sont à éviter, surtout si on utilise de l’eau chaude.
- Ajoutez doucement la soude à l’eau (et jamais l’inverse) : ce petit détail change tout, croyez-moi ! Faites-le doucement pour éviter les éclaboussures.
- Utilisez des ustensiles réservés à la savonnerie : on ne partage pas sa spatule à savon avec son fouet à gâteau.
- Respectez les proportions : utilisez un calculateur en ligne (type SoapCalc) pour ajuster les doses de soude en fonction des huiles choisies. Trop de soude, et le savon pique. Pas assez, et il ne durera pas.
Une recette simple pour débuter en confiance
Envie de tester dès maintenant ? Voici une recette toute douce, idéale pour les peaux sensibles, et inspirée d’un savon que je confectionne souvent au cœur de l’hiver, quand la peau tiraille un peu.
- 300 g d’huile d’olive
- 150 g d’huile de coco
- 50 g de beurre de karité
- 80 g de soude caustique (à ajuster selon le calculateur)
- 200 ml d’eau froide ou de tisane de camomille
- 10 gouttes d’huile essentielle de lavande (facultatif)
- Une poignée de flocons d’avoine (optionnel, pour un effet exfoliant tout doux)
Faites fondre doucement les huiles au bain-marie. Dans un autre récipient, versez l’eau, puis ajoutez la soude (pas l’inverse !). Mélangez lentement avec une cuillère en bois, en prenant soin de ne pas respirer les éventuelles vapeurs. Une fois les deux mélanges à température ambiante, versez la soude dans les huiles et mixez avec un mixeur plongeant jusqu’à obtenir une crème onctueuse (« la trace »). À ce moment-là, ajoutez les huiles essentielles et les flocons d’avoine. Puis, versez dans des moules et laissez reposer 48h avant de démouler. Ensuite, place à la patience : il faut laisser sécher et durcir le savon pendant 4 semaines minimum dans un endroit sec.
Les petites touches qui font toute la différence
Ce que j’aime particulièrement dans la fabrication maison, c’est cette liberté d’ajouter sa petite touche personnelle. Quelques idées pour éveiller vos sens :
- Des pétales de rose ou de calendula pour une touche poétique
- Un zeste de citron râpé pour un parfum tonique
- De la spiruline en poudre pour une belle couleur verte et des propriétés purifiantes
- Des moules fantaisie : en forme de cœur, d’étoile ou même de fleur
Chaque savon devient une création unique, à l’image de celui ou celle qui le fabrique.
Et après ? Utilisation et conservation
Une fois vos savons prêts, conservez-les dans un endroit sec et bien ventilé – une petite boîte en bois fait parfaitement l’affaire. Évitez les boîtes hermétiques ou les sachets plastiques qui gardent l’humidité. Un savon bien conservé peut durer plusieurs mois, voire plus !
Côté utilisation, rien de plus simple : ils s’utilisent sur le corps, les mains, voire les cheveux pour les plus aventureux. Leur mousse est souvent plus légère que celle des gels industriels, mais leur douceur est incomparable.
Le mot de la fin
Fabriquer son savon, c’est un peu comme cultiver un coin de jardin secret. C’est retrouver un savoir-faire ancestral, prendre le temps de faire les choses avec ses mains, et offrir à sa peau un moment de douceur sincère. Cela peut sembler impressionnant au début, mais chacun de vos essais fera naître de nouvelles envies, de nouveaux parfums, et un vrai plaisir d’offrir ou de s’offrir ces petits morceaux de soin faits maison.
Alors, prêt(e) à plonger les mains dans la pâte à savon ? Racontez-moi vos premiers essais, vos recettes fétiches ou vos petites aventures mousseuses… Je suis curieuse comme une belette 🙂